mer 29/05/2019 - 09:41 Par Céleste Morisset
2 commentaires
3min.

La musique classique, c’est ben sérieux. Ç’a a ses canons pis ses vieilles traditions. Devant son répertoire sacralisé et ses concerts hyper ritualisés, pas le choix d’avoir l’impression de devoir céder à un lot de conventions pour pouvoir s’y adonner.

Foule qui applaudit
Photo de Elena de Soto sur Unsplash

Note: ce billet a d'abord été publié sur le site metier-musicien.org le 11 octobre 2016. Reproduit avec la permission de l'auteur.

Parmi les comportements sujets à la normativité, y’a les applaudissements. Eh oui, quelqu’un parmi vous aurait-il déjà subi l’embarras provoqué par les excès d’enthousiasme de Ti-Coune après le premier mouvement du concerto? « C’est parce que t’es pas au Club Soda, l’gros ! »

Dans ce contexte de contrôle social du pouvoir d’approbation, pas facile comme public de se sentir super impliqué. Cette hystérie sociale autour des applaudissements inconvenants, d’où est-ce que ça vient et surtout, qu’ossé ça donne ?

Bref historique de l'histoire des applaudissements au concert classique

Si le modèle du concert classique a parfois l’air d’être resté bugué y’a 100 ans, il n’a pas toujours eu l’allure austère et la passivité de son public qu’on lui connait. En France au XVIIIe siècle, le monde du spectacle était plutôt l’un des seuls endroits où le peuple pouvait exercer un quelconque pouvoir décisionnel. La liberté du public au parterre faisait partie du show et le droit d’applaudir (ou de siffler) était un outil de démocratie participative sous-jacent au statut de spectateur que personne n’allait remettre en cause. 

Il n’était pas question d’attendre la fin pour manifester sa satisfaction. Je cite Monsieur Mozart :   

Juste au milieu du premier allegro il y avait un passage que je savais bien devoir plaire : tous les auditeurs en furent transportés et il y eut de grands applaudissements. Comme je savais bien, lorsque je l'écrivis, l'effet qu'il produirait, je l'avais ramené une seconde fois, à la fin... et les applaudissements de revenir da capo1

Sans vouloir faire de fausses relations de cause à effet, on peut remarquer deux phénomènes qui marquent l’assagissement du public et la restriction des applaudissements au courant du XIXe siècle : D’une part, l’œuvre musicale est passée du statut de « prétexte pour se montrer » à celui d'un « objet sacré ». On s’est mis à vouloir considérer les différentes parties de l'oeuvre comme un tout indissociable. Le public respectable, à cette époque, était donc celui qui savait contrôler ses émotions et apprécier la succession des différents mouvements de l’œuvre dans un silence hiératique.

D’autre part, l’architecture des salles de concert s’est transformée de façon à encourager la passivité du public : On a installé des sièges au parterre et l’éclairage s’est détourné de la salle vers la scène, défavorisant les contacts entre les membres du public et dirigeant leur attention exclusivement sur les artistes.  

Relativisons

Enfin, si les applaudissements sont aujourd’hui soumis à un contrôle social parfois excessif dans les concerts de musique classique, retenons-en qu’il n’en a pas toujours été le cas et qu’ils ne sont pas autant sévèrement jugés chez les adeptes d’autres genres musicaux. Chez les jazzeux, il va de soi d’applaudir après chaque solo et dans un concert pop, on s’égosille dès qu’on reconnaît la toune.

Bien que l’urgence des renouvellements de publics en ait stimulé l’analyse sociologique et son explicitation au grand public, les lois de l’applaudissement sont décidément expirées. Plutôt que de recruter des nouveaux publics par l’entreprise de leur éducation, vivement l’approbation de l’expression spontanée et la déconstruction des conventions archaïques qui gouvernent l’expérience du concert.

Commentaires

Les applaudissements auront-ils une signification différente dans quelques années vu l'évolution constante de l'étiquette du concert classique? La jeunesse a peut-être pouvoir de changer cette forme d'élitisme dans la musique classique...

mer 25/03/2020 - 11:09

je recherche l'info précise sur le rituel de l'applaudissement (bref) des habitués de concerts de jazz : polémique : l'entrée "bien venue" d'un soliste dans la partition........ sans perturber le jeu du groupe ou la fin d'un solo .....
j'opte pour la première mais .....
merci de votre réponse, l MC.

sam 01/08/2020 - 09:55
monic chauvin (non vérifié)

Ajouter un commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.