Auteure, compositrice, interprète

La prolifique auteure-compositrice-interprète Sonia Johnson s'est fait connaître avec des albums comme Le Carré de nos amours (Lauréat du prix Juno, Album de jazz vocal de l'année 2012), Triades - avec les chanteurs Annie Poulain et Charles Biddle Jr. (Nomination à l'ADISQ 2013 et aux Junos 2014) et Le cœur à l'endroit, son précédent projet solo co-imaginé avec la pianiste et arrangeure Marianne Trudel. Diplômée de l’Université de Montréal avec une maîtrise en interprétation et composition en chant jazz, elle cumule des collaborations réussies comme compositrice ou interprète avec des artistes de renom comme Laila Biali, Félix Stüssi et Les Malcommodes, Steven Taetz, Vincent Réhel, Rodrigo Simoes et l'Orchestre national de jazz de Montréal.  Sonia est de retour sur disque avec l’album Chrysalis, un projet de chansons sans contraintes oscillant entre musique jazz et populaire. Par ce disque acclamé par la critique internationale, elle déploie ses ailes dans un voyage musical audacieux, poétique et plein de soul!

Questions et réponses
Dans quelle ville habitez-vous ?
Montréal
Quelle est votre principale activité professionnelle actuellement ?
Je suis chanteuse professionnelle, auteure, compositrice, enseignante, et aussi gestionnaire de projets artistiques. Donc mes tâches sont très variées. Ça peut aller de répétition et pratique personnelle, partage des connaissances auprès des élèves, concerts, tournées, promotion de mes activités, écriture de textes et musique, arrangements, collaborations avec d’autres artistes.
En plus de votre activité principale, dans quelles autres activités, musicales ou non, êtes-vous actuellement impliqué(e) ?
Gestion de projets et rédaction de demandes de subventions.
Où avez-vous fait vos études musicales ?
2018 Maitrise en interprétation et composition chant jazz, Université de Montréal, Montréal,
Directeurs de recherche : John Roney, Luc Beaugrand
2018 Formation Estill Voice Training™, Niveau 1 et 2, La voix Dynamique, Québec, 
 Formatrice: Julie Cimon Racine

2016 Baccalauréat en interprétation, Université de Montréal, Montréal, Mai 2016
 Professeur : Hélène Martel

2006 Attestation d’études professionnelles - Coaching d'affaires pour femmes artistes CEFQ, Montréal
2003 Chant populaire : ateliers de comédies musicale, programme UDA, Montréal
 Professeur : Johanne Raby
1994 DEC concentration chant classique - École de musique Vincent-d’Indy, Montréal
 Professeur : Reine Décarie s.n.j.m.
1988-90 Chant classique leçons individuelles, Louiseville, Professeur : Gisèle Pagé-Beaulieu 

1987-88 Chant populaire leçons individuelles, Trois-Rivières, Professeur : Pauline Fontaine
1986-87 Chant populaire leçons individuelles, Trois-Rivières, Professeur : Claude Godbout

Qui ont été vos professeurs les plus importants ou significatifs, et qu’est-ce qui les rendait importants pour vous ?
Christine Jensen et Jean-Nicolas Trottier ont été des professeurs de composition inspirants lors de ma maîtrise à l’Université de Montréal. Comme j’étais une auto-didacte et que je suis retournée sur les bancs d’école de façon tardive (fin de ma trentaine), j’ai apprécié que ces enseignants prennent aussi en considération que ma force créative résidait parfois dans mes instincts plus que dans la théorie. Ce soutien de leur part qui misait sur mes forces plutôt que mes lacunes m’a aidé à avoir une plus grande confiance en mon travail.
Quelles personnes admirez-vous particulièrement, et pourquoi ?
Je ne peux pas nommer une personne en particulier mais plutôt faire ressortir les qualités que j’admire qui englobent ceux et celles qui ont un caractère fonceur, qui savent écouter, qui partagent avec générosité, qui encouragent les autres et qui sont intègres.
Avez-vous déjà vécu une affection physique (maladie ou accident) qui a affecté votre habileté à faire de la musique ? Si oui, comment y avez-vous réagi dans votre parcours professionnel ?
J’ai vécu des crises d’anxiété et une dépression majeure qui m’ont appris à prendre des pauses obligatoires et prendre mieux soin de moi. Je pense que le fait de gérer des productions d’albums, de participer à de grands projets et d’avoir une carrière de soliste est exigeant physiquement et mentalement. On doit souvent avoir d’autres revenus alternatifs et ça nous demande de gérer des horaires rigoureux, j’ai appris à mieux gérer toutes les cases de mon horaire et de faire des choix prioritaires.
Pouvez-vous identifier un âge ou une période de votre vie où vous avez décidé de vous diriger en musique ?
En fait, j’ai commencé à chanter à l’âge de cinq ans à l’église de mon village natal le dimanche matin dans la chorale, j’ai fait cette activité pendant dix ans environ, et je crois que cette façon de m’exprimer à toujours fait partie de moi. Je ne me souviens pas d’avoir réfléchi activement à ce que je voulais faire de ma vie d’adulte, c’est comme si tous les évènements se sont suivis pour m’amener vers la musique.
Pouvez-vous identifier un événement précis qui vous aurait fait décider de vous diriger en musique ?
Je suivais une formation en chant classique depuis 2 ans avec une enseignante passionnée, Gisèle Pagé Beaulieu, également une remarquable artiste peintre, qui m’a encouragée à mes 17 ans à suivre ma voix et à quitter ma région pour aller étudier à Montréal à Vincent d’Indy.
Si vous avez bifurqué de votre activité musicale originelle pour une autre, même extérieure à la musique, quelles sont les circonstances qui vous ont amené à faire ce changement ?
Comme beaucoup d’artistes, il y a eu des périodes plus creuses et comme je n’arrivais pas à joindre les deux bouts, j’ai eu longtemps des emplois dans la restauration et les bars, ces emplois avaient un côté lucratif sur une période courte qui me permettait d’avoir un revenu sans jamais m’éloigner de la musique, je n’ai jamais arrêté complètement la musique dans ces périodes.
Quel est le principal défi que vous avez rencontré dans votre carrière et comment l’avez-vous relevé ?
Un des grands défis, a été d’accepter au début des années 2000 que si je voulais vivre de ce métier et faire mes projets, je ne pouvais pas attendre qu’un producteur investisse dans mon art. J’ai donc décidé d’être ma propre productrice et d’être une artiste indépendante. J’ai donc produit mon premier album en 2005, c’est un défi qui a demandé un investissement constant de temps, de patience, d’organisation et de confiance en soi. Je l’ai relevé avec brio puisque j’ai pu continuer à produire, dont l’album suivant Le Carré de nos amours, qui a obtenu une reconnaissance avec un prix Juno en 2012. J’ai mis en marché au total 4 albums personnels sous mon étiquette de disque Les Productions Sonia Johnson, tout en continuant de collaborer à d’autres projets artistiques.
À votre avis, quelles sont les 3 compétences non musicales les plus essentielles au succès d’une carrière en arts ?
Passion, débrouillardise, organisation.
Qu’est-ce qui vous motive à persévérer ?
Les petites réussites (et aussi les grandes, haha), l’appui du public et des pairs, je crois que ma plus grande motivation c’est la possibilité d’échanger les secrets de mon âme en écrivant des chansons. Il n’y a rien de plus gratifiant que de sentir que l’on apporte du bonheur ou un réconfort aux autres via notre musique.
Quel est le besoin le plus criant du milieu actuellement, et comment aimeriez-vous y remédier ?
De mon côté je suis un peu désemparée face au fait que les gens ne consomment plus la musique de la même façon, une des difficultés que je rencontre c’est de rejoindre le public car les offres abondent et notre proposition peut se perdre dans le lot. On a besoin d’être mieux formés pour comprendre comment fonctionne ce nouveau système. Personnellement, je tente d’y remédier en m’inscrivant à des cours en ligne qui expliquent comment rejoindre un public cible sur réseaux sociaux. J’essaie de comprendre comment fonctionnent les « playlists » et l’écoute de musique sur les plateformes telles que iTunes ou Spotify.
Si vous aviez un seul conseil à donner à un aspirant musicien, quel serait-il ?
Je pense que mon conseil serait le suivant ; il faudra se donner des objectifs sur papier afin de les concrétiser. Par exemple pour chaque projet musical, groupe auquel on s’associe ou concert que l’on prépare, on délimite les buts. Exemples : je veux monter un répertoire de 30 chansons de style pop, je veux agrandir mon registre vocal ou ma connaissance de tel style, je veux participer à un concours. Ensuite, mettre les efforts nécessaires à concrétiser ces objectifs, mais ne jamais avoir peur de mettre nos rêves sur papier, avec des petits objectifs réalistes en premier, puis des plus grands à long terme. En supplément, il ne faut pas avoir peur de poser des questions, de trouver des alliés, de rencontrer des gens qui ont de l’expérience et leur demander un coup de main. La plupart des artistes sont assez ouverts à partager les informations et aider les jeunes musiciens qui les entourent. Il y aura des moments moins glorieux que d’autres, et puis surement de grands exploits sur ton parcours, mais en général c’est un privilège de pouvoir véhiculer sa passion. Bonne chance !