Directrice artistique et générale de La SAMS, bassoniste

Françoise Henri travaille dans le milieu de la musique classique québécoise depuis 25 ans. Bassoniste au sein de plusieurs ensembles, dont l’Orchestre symphonique de Laval, l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières et l’Orchestre des Grands Ballets Canadiens, elle allie avec succès sa carrière de musicienne aux fonctions de gestionnaire culturelle.

Sensible à l’éducation musicale, elle a occupé le poste de professeur de basson et de musique de chambre au Conservatoire de musique de Chicoutimi pendant 4 ans. Puis de 2010 à 2013, elle rencontre 4 000 enfants défavorisés du primaire grâce au programme [Musique Maestro!] de l'Orchestre de chambre Appassionata, ensemble qu'elle a cofondé avec Daniel Myssyk en 2000.

Depuis 2014, elle occupe le poste de Directrice générale et artistique de La SAMS (Société pour les arts en milieux de santé). Cet organisme présente annuellement 800 concerts classiques dans plus de 200 hôpitaux, centres de réadaptations et CHSLD au Québec. La SAMS emploie annuellement 150 artistes professionnels qui apportent joie et bonheur dans ces lieux non traditionnels. Françoise Henri est membre du conseil d'administration du Conseil québécois de la musique depuis 2015 et sa 2e vice-présidente depuis 2016.

Par ailleurs, elle détient une maîtrise en interprétation (M. Mus.) de l’Université McGill et elle a participé au programme de gestion des organismes culturels de l’École des hautes études commerciales de Montréal (HEC). Elle est récipiendaire de la médaille du Gouverneur général du Canada.

Questions et réponses
Dans quelle ville habitez-vous ?
Montréal
Quelle est votre principale activité musicale professionnelle actuellement ?
Directrice artistique et générale de La SAMS et bassoniste
En plus de votre activité principale, dans quelles autres activités musicales êtes-vous actuellement impliqué(e) ?
Je suis membre du CA du Conseil québécois de la musique depuis 2015
Dans quelles autres activités musicales avez-vous été impliqué(e) dans le passé, et dans lesquelles vous ne l’êtes plus ?
En début de carrière, j’ai enseigné le basson et la musique de chambre dans plusieurs écoles et conservatoires, mais au fil du temps j’ai dû faire un choix entre l’administration culturelle et l’enseignement. L’administration convenait mieux à mes qualités extramusicales !
Où avez-vous fait vos études musicales ?
D’abord en flûte traversière au CÉGEP Vincent-d’Indy, puis en basson à l’Université de Montréal où j’ai obtenu mon baccalauréat. Puis, après un an aux Pays-Bas, j’ai complété une maîtrise en interprétation orchestrale à Université McGill.
Qui ont été vos professeurs les plus importants ou significatifs, et qu’est-ce qui les rendait importants pour vous ?
Mon premier professeur de basson, René Masino. Il avait des techniques d’enseignement très particulières, mais efficaces ! Beaucoup d’attention était accordée à l’aspect technique et comme j’arrivais sur le tard, il me lassait pleine latitude pour que je découvre avec curiosité les différentes facettes de ce merveilleux instrument. Il me faisait confiance dans l’apprentissage.
Quels musiciens admirez-vous particulièrement, et pourquoi ?
J’ai beaucoup d’admiration pour les chanteurs lyriques. L’alliage du théâtre et de la musique me fascine – être à la fois excellent acteur et musicien, c’est tout un défi. Les exigences sont très élevées pour ces artistes qui doivent en même temps composer avec un instrument complexe (leur voix !) qui est parfois fragile. C’est tout un art, de la performance poussée à son extrême, en fait.
Pouvez-vous identifier un âge ou une période de votre vie où vous avez décidé de vous diriger en musique ?
Dès les premiers cours de flûte traversière au secondaire, j’ai réalisé que la musique me parlait différemment de toute autre chose. Je me sentais en vie, profondément touchée… et j’en voulais toujours plus ! J’aimais profondément la scène et tout ce qui s’y rattachait et je trouvais que faire de la musique était une façon très personnelle de pouvoir communiquer mes nombreuses émotions d’ado.
Pouvez-vous identifier un événement précis qui vous aurait fait décider de vous diriger en musique ?
Les premiers concerts au secondaire… et un professeur qui les organisait avec dévouement et passion. C’était magique, je me sentais si bien que je voulais toujours en connaitre davantage.
Quel est le principal défi que vous avez rencontré dans votre carrière et comment l’avez-vous relevé ?
La compétition. « Beaucoup d’appelés, peu d’élus »
Si mon but initial était de jouer dans un grand orchestre symphonique, j’ai dû peu à peu modifier mes objectifs en fonction des opportunités qui se sont présentés et de la découverte de ce qui me distinguait réellement tant comme artiste que gestionnaire.
À votre avis, quelles sont les 3 compétences non musicales les plus essentielles au succès d’une carrière en arts ?
Savoir bien parler de soi, de son travail, sans hyperbole, mais avec des termes justes et invitants
Savoir analyser les contextes et saisir les occasions de développement
Penser à l’extérieur de la boîte, faire preuve de créativité dans toutes les tâches « connexes » reliées à la carrière musicale
Qu’est-ce qui vous motive à persévérer ?
Du côté administratif, la réponse est simple : nous avons un organisme, La SAMS, qui fait grand bien dans notre société et cela est une source de motivation immense. Du côté artistique, je continue de penser que mes activités de bassoniste me font toujours devenir une meilleure personne, cela continue d’être une source de bonheur pour moi. J’apprécie ces moments où je peux m’abandonner à l’essence de ce que je suis, pour ensuite retourner, enrichie, vers mon organisme et le faire grandir
Quel est le besoin le plus criant du milieu actuellement, et comment aimeriez-vous y remédier ?
Il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande culturelle. Beaucoup de produits culturels, les uns de haut de gamme, les autres provenant du show-biz… Certains très faciles à consommer, quand ce n’est pas le match de hockey qui est en compétition avec ton concert… La façon d’y remédier ? L’éducation et la valorisation des artistes et de l’importance qu’ils ont dans nos sociétés.
Si vous aviez un seul conseil à donner à un aspirant musicien, quel serait-il ?
Trouver sa voix… "Be yourself, everyone else is taken !"