Pianiste jazz

Native de la Rive-Sud de Montréal et rimouskoise d'adoption, Emie Rioux-Roussel découvre l’univers fascinant de la musique grâce à ses parents eux-mêmes musiciens et chanteurs. Elle débute l’apprentissage du piano classique à 5 ans et poursuivra jusqu'à l'âge de 13 ans. Après un arrêt complet de deux ans, elle décide d’écouter son instinct et son goût de l’improvisation pour entreprendre l’étude du jazz avec son père, Martin Roussel, lui-même pianiste jazz. Il sera son mentor jusqu’à son entrée au Cégep de St-Laurent, sous la tutelle de Mme Lorraine Desmarais. Elle complète son DEC en piano interprétation jazz et obtient une bourse de "Très grande distinction" décernée par l’institution. En 2008, Emie fait son entrée à l’Université de Montréal en interprétation piano jazz avec M. Luc Beaugrand et y complète son baccalauréat en mai 2011. Depuis la fin de ses études, elle est enseignante et accompagnatrice au Programme Jazz-pop du Cégep de Rimouski, Québec. En juin 2015, elle remporte le Prix du CALQ - Créatrice de l'année du Bas-St-Laurent.

Emie a eu la chance de partager la scène avec plusieurs musiciens jazz canadiens de renom tels que Terry Clarke, Mike Gauthier, Éric Lagacé, Dave Watts, Norman Lachapelle et Frédéric Alarie. Elle a aussi eu l'occasion de jouer avec le saxophoniste Yannick Rieu et la chanteuse Elizabeth Shepherd lors d'un spectacle présenté au 35e Festival international de Jazz de Montréal, capté par Radio-Canada et diffusé sur les ondes de Ici Musique. Du côté de la scène pop, elle a accompagné des artistes tels que Bruno Pelletier, Marco Calliari, Patrice Michaud et Carolanne D'Astous Paquet. En juin 2014, Emie a été pianiste invitée pour une édition de l'émission de télévision "Pénélope Mcquade" à Radio-Canada. Depuis 2016, elle est Artiste Nord canadienne (Claviers).

En 2010, elle fonde le Emie R Roussel Trio avec lequel elle enregistre, un premier album intitulé Temps Inégal. Lauréat du Prix Étoiles Stingray lors du TD Halifax Jazz Festival en 2018, du Félix de l'Album jazz de l’année en 2015 et à l'ADISQ pour le troisième album Quantum ainsi que du Prix Opus 2013-14 pour le Disque jazz de l'année avec le deuxième album, TRANSIT, le Emie R Roussel Trio s'impose comme un incontournable de la scène jazz actuelle canadienne et connaît depuis 2010, une ascension fulgurante. Formé de Emie R Roussel au piano (Révélation Radio-Canada Jazz 2014-2015), Nicolas Bédard à la basse et Dominic Cloutier à la batterie, le trio livre avec une fougue et une chimie indiscutable un jazz créatif et envoûtant. Durant les dernières années, le Trio a eu le privilège de présenter sa musique dans onze pays sur quatre continents. Le quatrième album du trio, Intersections, lancé en septembre 2017 a été nommé pour le Félix de l’Album de l’année – Jazz à l’ADISQ 2018 et aux Prix Opus 2019. Le concert Intersections a également reçu une nomination aux Prix Opus 2019 dans la catégorie Concert de l’année – Jazz. En avril 2019, le Emie R Roussel Trio a eu l’honneur d’être l’un des huit groupes hors Europe sélectionnés pour le « Overseas Night » afin de présenter une vitrine officielle dans le cadre du prestigieux festival JAZZAHEAD! 2019 à Brême en Allemagne.

Questions et réponses
Dans quelle ville habitez-vous ?
Rimouski
Quelle est votre principale activité musicale professionnelle actuellement ?
Mon projet principal est avec le Emie R Roussel Trio. C’est un projet que je mène de front depuis presque 10 ans. Nous sommes à l’aube de sortir un 5e album. Ce projet m’a permis de développer mes compétences en gestion administrative, en planification et en organisation de projets et de tournées.
En plus de votre activité principale, dans quelles autres activités musicales êtes-vous actuellement impliqué(e) ?
Depuis 2011, j’enseigne au Programme Jazz-Pop du Cégep de Rimouski, un programme donné en collaboration avec le Conservatoire de musique de Rimouski.
Où avez-vous fait vos études musicales ?
J’ai d’abord étudié avec mon père, lui-même pianiste, en classique. J’ai ensuite suivi un an de cours de piano classique avec Sœur Pauline Charron. Après un arrêt de deux ans, j’ai repris mes cours avec mon père, cette fois en jazz. J’ai par la suite poursuivi mes études au Cégep de Saint-Laurent et à l’Université de Montréal.
Qui ont été vos professeurs les plus importants ou significatifs, et qu’est-ce qui les rendait importants pour vous ?
Tous mes professeurs ont été significatifs chacun à leur façon. Je crois que c’est la somme des visions de chacun qui permet d’élargir son regard et d’aller chercher un maximum de connaissances variées. Chacun, par son vécu et ses expériences différentes a eu un impact sur la musicienne que je suis aujourd’hui. Le premier professeur significatif a été mon père, Martin Roussel. Il m’a transmis sa passion pour la musique et m’a permis de faire la transition du classique vers le jazz. J’ai eu ensuite l’occasion d’étudier avec Lorraine Desmarais. On partageait toutes deux une grande force au niveau de la structure et de l’organisation ce qui rendait l’apprentissage très efficace. Lorraine est une véritable pionnière féminine du jazz au Canada et représente donc un modèle majeur pour toutes les musiciennes. Par la suite, mes études avec Luc Beaugrand à l’Université de Montréal m’ont permis de pousser plus loin ma démarche d’apprentissage du jazz et bâtir ma confiance en tant que musicienne. À ma sortie de l’université, j’avais beaucoup plus de confiance en moi et d’aplomb que lorsque j’y étais entrée trois ans plus tôt.
Quels musiciens admirez-vous particulièrement, et pourquoi ?
J’admire les musiciens qui demeurent ouverts, simples, accessibles, qui ne se prennent pas au sérieux, qui se questionnent constamment et se réinventent sans pour autant compromettre leur identité.
Avez-vous déjà vécu une affection physique (maladie ou accident) qui a affecté votre habileté à faire de la musique ? Si oui, comment y avez-vous réagi dans votre parcours professionnel ?
Débutant mon DEC intensément et de façon très motivée, je pratiquais beaucoup mais pas toujours de façon saine ; Je ne faisais pas d’étirements, je n’avais pas toujours une bonne posture et je pouvais passer 3 heures à pratiquer sans me lever ou m’étirer. Résultat ; j’ai fait une épicondylite deux semaines après le début de la session. J’ai dû faire plusieurs traitements d’ostéopathie et de physiothérapie et j’ai même dû avoir recours à une injection de cortisone. Tout cela ne m’a pas ralenti en temps de pratique quotidien mais j’ai revu complètement ma façon de pratiquer. À partir de ce moment-là, je me suis toujours étirée avant de commencer à jouer, je joue rarement plus de 30 minutes sans prendre de pause et je tente de surveiller ma posture le plus possible.
Pouvez-vous identifier un âge ou une période de votre vie où vous avez décidé de vous diriger en musique ?
Après avoir fait un arrêt complet de deux ans suite à mon parcours en classique, c’est à 15 ans que j’ai repris mes cours mais cette fois en jazz avec mon père. J’ai tout de suite été très motivée et j’ai su à ce moment que je voulais faire de la musique dans la vie.
Pouvez-vous identifier un événement précis qui vous aurait fait décider de vous diriger en musique ?
Dès le moment où j’ai commencé le piano jazz et que j’ai entrevu toutes les possibilités au niveau de la compréhension, de la création et de l’improvisation ça a été un point tournant.
Quel est le principal défi que vous avez rencontré dans votre carrière et comment l’avez-vous relevé ?
De toujours garder l’énergie et la motivation malgré certains revers. Je ne peux pas affirmer que j’ai relevé ce défi car c’est un défi de tous les instants. J’ai cependant réussi à surmonter certains épisodes où les choses étaient plus difficiles ou du moins où il fallait user de créativité et repenser plusieurs aspects afin de réussir à livrer un projet ou passer à travers un défi financier par exemple. Je crois qu’il faut savoir savourer les petites victoires et s’en servir comme motivation lorsqu’on rencontre des difficultés ou des moments plus ardus à surmonter.
À votre avis, quelles sont les 3 compétences non musicales les plus essentielles au succès d’une carrière en arts ?
L'organisation
La persévérance
La capacité de prendre des risques
Qu’est-ce qui vous motive à persévérer ?
De voir que ma musique rejoint et touche les gens. Ma plus grande joie c’est lorsque quelqu'un vient me voir suite à un concert et me dit : « Je ne connais pas du tout le jazz mais j’ai adoré votre musique ». Réussir à faire sortir le jazz des barrières stylistiques et que ce soit simplement apprécié comme de la musique.
Quel est le besoin le plus criant du milieu actuellement, et comment aimeriez-vous y remédier ?
De se repositionner par rapport au problème de rupture de la chaîne traditionnelle de rémunération générée par les ventes d’albums. J’ai l’impression que nous sommes entre deux courants mais que nous n’avons pas encore trouvé la solution à cette crise. Les créateurs et musiciens ne peuvent maintenant plus compter sur ce revenu. Les ventes d’un album ne suffisent même plus à payer les coûts de production. Faire un album de nos jours c’est davantage une carte de visite et une façon de relancer les opportunités de concerts. Il y a un problème également au niveau du rapport qu’ont les consommateurs envers la musique. C’est devenu un bien qu’on considère devoir être pleinement accessible et ce, à faible coût. Il y a donc à la fois un gros travail de sensibilisation à faire au niveau du public mais également un fonctionnement de l’industrie à revoir.
Si vous aviez un seul conseil à donner à un aspirant musicien, quel serait-il ?
De ne pas se laisser décourager à la première, deuxième, troisième embûche et ainsi de suite. Ce n’est pas un métier facile. De plus, du fait que nous ne pouvons pas être seulement musicien, nous devons aussi être entrepreneur, comptable, gestionnaire, rédacteur de textes et de subventions, planificateur, etc. ça rend le défi très vaste. Il faut profiter au maximum des « tapes dans le dos » lorsqu’elles arrivent et s’en servir pour réussir à continuer à avancer. Lorsqu’on rencontre une situation plus difficile, il ne faut surtout pas se décourager mais plutôt continuer de regarder vers l’avant en gardant notre objectif bien en vue.