Directrice de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal

La soprano Chantal Lambert est récipiendaire d’un Premier prix à l’unanimité du Conservatoire de musique du Québec à Montréal.

À la suite d’un stage de perfectionnement à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, elle prend dès 1990 la relève à la tête du programme. Elle s’assure depuis d’en faire une institution à son image où les exigences de la formation ne se font pas aux dépens des rapports humains.

Parallèlement, Chantal Lambert a continué de se produire sur scène à l’opéra, l’opérette, la mélodie et la chanson. Elle est présentatrice et hôtesse lors de concerts, offre des classes de maître dans les domaines de la performance, de la diction lyrique et du développement de carrière et est l’auteure d’un ouvrage linguistique : Petit lexique de l’Opéra (français, anglais, italien et allemand).

Elle a été présidente du Conseil québécois de la musique de 2008 à 2011 et siège au conseil d’administration de Opera.ca. En mai 2016, elle était intronisée au Panthéon canadien de l’Art lyrique. 

Questions et réponses
Dans quelle ville habitez-vous ?
Léry, en Montérégie
Quelle est votre principale activité professionnelle actuellement ?
Directrice de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal
En plus de votre activité principale, dans quelles autres activités, musicales ou non, êtes-vous actuellement impliqué(e) ?
Interprétation de récitals ; création d’un spectacle (théâtre musical) ; membre du conseil d’administration de Opera.ca (Opera in Canada)
Dans quelles autres activités musicales avez-vous été impliqué(e) dans le passé, et dans lesquelles vous ne l’êtes plus ?
Productions d’opéra, oratorio.
Où avez-vous fait vos études musicales ?
Au Conservatoire de musique du Québec à Montréal
Qui ont été vos professeurs les plus importants ou significatifs, et qu’est-ce qui les rendait importants pour vous ?
Le ténor André Turp m’a transmis son feu sacré pour l’opéra et m’a donné les bases de ma technique vocale. Il a cru en moi en tant que chanteuse-actrice.
La pianiste et chef de chant Janine Lachance m’a incitée à porter la parole chantée avec le plus grand respect des compositeurs et des poètes.
Le compositeur Silvio Palmieri, mon ami de toujours autant que mon professeur, n’a jamais cessé de m’apprendre l’essentiel de la musique, en étant mon critique à la fois le plus sévère et le plus bienveillant.
Le metteur en scène Bernard Uzan m’a révélée à moi-même et m’a enseigné les techniques du jeu d’actrice.
Le pianiste et chef de chant Michael McMahon a été une inspiration pour moi depuis mon arrivée à l’Atelier lyrique. Rarement ai-je collaboré avec un musicien qui m’a donné autant de joie à faire de la musique dans un esprit à la fois rigoureux et décontracté. Du pur bonheur.
Maintenant, la mezzo-soprano et professeur de chant Ariane Girard me permet finalement de comprendre tous les tenants et aboutissants de la technique vocale ; comment fonctionne cet instrument mystérieux et fascinant qu’est la voix humaine.
Quelles personnes admirez-vous particulièrement, et pourquoi ?
J’admire les artistes multidisciplinaires, les créateurs, ceux qui font évoluer leur discipline et ne se contentent pas d’offrir un sous-produit générique. J’admire les artistes qui oeuvrent aussi dans les projets communautaires et partagent le beau avec des personnes qui n’auraient pas accès aux arts sans leur partage généreux.
Avez-vous déjà vécu une affection physique (maladie ou accident) qui a affecté votre habileté à faire de la musique ? Si oui, comment y avez-vous réagi dans votre parcours professionnel ?
Heureusement, j’ai toujours joui d’une santé de fer et n’ai pas eu d’accident handicapant. Par ailleurs, pendant toute ma carrière active, j’ai lutté contre l’anxiété de performance. Pour y remédier, je me suis toujours entourée d’une équipe solide de coaches et de metteurs en scène qui m’ont soutenue dans ma préparation musicale et dramatique, de façon à me dépouiller de moi-même et de me mettre totalement au service de la musique et du texte. J’ai aussi eu recours à la méditation, la visualisation et la programmation neurolinguistique. Tout récemment, j’ai aussi découvert que l’hypnose était un moyen puissant de développer ma confiance en moi et ma créativité.
Pouvez-vous identifier un âge ou une période de votre vie où vous avez décidé de vous diriger en musique ?
À 20 ans
Pouvez-vous identifier un événement précis qui vous aurait fait décider de vous diriger en musique ?
J’ai étudié la musique depuis l’âge de 7 ans (piano, matières théoriques) ; j’ai fait de la musique populaire dans un orchestre à l’adolescence et du chant choral à compter de l’âge de 17 ans. Mais c’est à 20 ans que j’ai eu envie devenir soliste et que j’ai commencé mes premiers cours de chant privés. J’ai préparé mon entrée au Conservatoire en reprenant des cours de piano, de littérature et langages musicaux, de chant choral et d’harmonie. Mais c’est à 20 ans que j’ai eu accès à mon plein potentiel lyrique et que j’ai trouvé dans l’opéra et le récital, un moyen d’être tout ce que je suis artistiquement, une chanteuse-actrice.
Si vous avez bifurqué de votre activité musicale originelle pour une autre, même extérieure à la musique, quelles sont les circonstances qui vous ont amené à faire ce changement ?
La maternité m’a fait me poser beaucoup de questions sur mon orientation de carrière. Faire carrière loin de mon enfant, rater les étapes fondamentales de son développement m’enlevait mon plaisir de faire mon métier d’interprète sur la route.
Ma fragilité aussi et le syndrome de l’imposteur ont été des inhibiteurs de talent en ce qui me concerne, et ce pendant les années cruciales de l’implantation de ma carrière. J’ai envisagé d’autres avenues épanouissantes pour moi. Mes deux parents étaient enseignants et la pédagogie m’a toujours passionnée aussi. Pour ce qui est de la gestion, j’ai toujours eu des prédispositions à prendre des responsabilités organisationnelles.
Quel est le principal défi que vous avez rencontré dans votre carrière et comment l’avez-vous relevé ?
Je me suis formée sur le tas, comme beaucoup de musiciens de ma génération. Au début des années 1990, s’il existait des programmes de formation en gestion d’organismes culturels, je ne les connaissais pas. J’ai appris mon métier de directrice en le faisant, en écoutant mon instinct et en bénéficiant de conseils de mentors. Aujourd’hui, je porte plusieurs chapeaux : la direction artistique, pédagogique, administrative et philanthropique.
À votre avis, quelles sont les 3 compétences non musicales les plus essentielles au succès d’une carrière en arts ?
La santé physique et mentale ; la persévérance ; la conscience de soi.
Qu’est-ce qui vous motive à persévérer ?
L’amour de la musique, de la poésie, du théâtre, mais surtout, le désir ardent voire le besoin viscéral de pérenniser l’art magnifique qui est au cœur de ma vie professionnelle : l’art lyrique.
Quel est le besoin le plus criant du milieu actuellement, et comment aimeriez-vous y remédier ?
Que l’art soit reconnu comme un vecteur de l’économie et que les moyens soient donnés aux compositeurs et interprètes d’avoir une tribune et de pouvoir vivre de leur profession. J’aimerais y remédier en étant une ambassadrice pour l’Art.
Si vous aviez un seul conseil à donner à un aspirant musicien, quel serait-il ?
Connais-toi toi-même et concentre-toi sur le moment présent, en ne laissant passer aucune occasion de développer tous tes talents.